Les Aires Marines Protégées – Pourquoi sont-elles indispensables?
Nous vivons sur la Planète Bleue. Les océans recouvrent 70% de la surface de la Terre, contiennent 97% de l’eau présente sur notre planète et y représentent 90% de tout l’espace habitable. Les écosystèmes côtiers tels que les mangroves, les récifs coralliens, les forêts de kelp, les marais maritimes et les herbiers marins sont parmi les écosystèmes océaniques les plus riches en biodiversité et jouent le rôle de nurserie pour des millions d’espèces marines. Certains récifs coralliens peuvent abriter jusqu’à 1000 espèces différentes par m². Etant donné que 15% de nos apports alimentaires en protéines animales proviennent de la pêche et que des millions de personnes subsistent grâce à la pêche, ces nurseries sont essentielles pour assurer la pérennité des stocks de poissons commerciaux. De plus, ces systèmes côtiers sont capables d’absorber et de stocker de très grandes quantités de carbone puisqu’ils peuvent absorber jusqu’à 50 fois la quantité de carbone absorbée par une forêt tropical de la même superficie. Les zones côtières occupent donc un rôle crucial dans le combat contre le changement climatique.
Pourtant, les écosystèmes côtiers ainsi que toutes les espèces qui en dépendent sont en train de disparaitre à une vitesse alarmante. De nos jours, plus de 60% de la population humaine vit à proximité des côtes et 80% du tourisme est concentré proche des zones côtières. La surpêche, la pollution, l’acidification des océans et l’exploitation non durable des ressources ont d’importantes conséquences sur l’état de nos côtes. 60% des plus importants écosystèmes marins du monde qui nous permettent de vivre sont déjà dégradés ou ont complétement disparu et plus de la moitié des espèces marines dans le monde risquent d’être éteintes d’ici 2100 si nous n’agissons pas de façon drastique.
La mise en place et la bonne gestion d’Aires Marines Protégées (AMPs) est l’une des meilleures manières de protéger la biodiversité des environnements côtiers. Le Fond mondial pour la vie sauvage (WWF) définit les AMPs comme des “aires réservées et gérées efficacement dans le but de protéger les écosystèmes, processus, habitats et espèces marins et de favoriser ainsi la restauration et la reconstruction des ressources en vue d’enrichissement social, économique et culturel.”
Certaines AMPs interdisent toute activité humaine tandis que d’autres favorisent plutôt la régulation de la présence et l’activité humaine afin d’assurer une utilisation des ressources marines plus durable et plus diversifiée. Les AMPs clairement définies et gérées efficacement fournissent de nombreux et divers avantages. Elles permettent la protection de la biodiversité côtière et des services écosystémiques et augmentent également la résilience et la productivité de ces écosystèmes dont dépendent les pêcheries. Les écosystèmes côtiers en bonne santé offrent aussi une protection contre les marées de tempête qui deviennent de plus en plus fréquentes avec le changement climatique. De plus, ils fournissent aussi des possibilités de développement de loisirs respectueux de l’environnement et d’écotourisme, permettant ainsi de créer de l’emploi. Enfin, ils représentent également d’excellents milieux pour la recherche scientifique et l’éducation relative à l’environnement.
Notre production côtière, notre alimentation, l’absorption et le stockage de carbone, nos moyens de subsistance et certains de nos pratiques culturelles et spirituelles dépendent de la bonne santé des écosystèmes côtiers. Pourtant, moins de 10% de ces écosystèmes sont protégés de façon efficace ce qui menace directement la biodiversité côtière mais aussi notre propre prospérité économique et la survie de notre société. Pour toutes ces raisons, un réseau d’AMPs bien gérées couvrant au moins 30% de la surface des océans est nécessaire pour assurer le rétablissement et la protection des écosystèmes côtiers et océaniques ainsi que leurs ressources. Notre propre survie en dépend.
Sources: IUCN, WWF, UNESCO
Texte écrit par Félix Feider. Traduction par Amandine Gillet.