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Le 8 juin, nous célébrons la Journée Mondiale de l’Océan, une journée permettant de rappeler à chacun le rôle vital que les océans occupent dans notre quotidien. Bien qu’il soit tentant de penser que le monde a d’autres problèmes plus urgents à régler, les océans peuvent pourtant nous montrer l’exemple en cette période de crise sanitaire et de protestations. Les océans sont un incroyable réservoir de nouveaux composés qui ont permis le développement de nouveaux traitements antibactériens et antiviraux. En effet, même le test utilisé pour détecter le COVID-19 utilise des enzymes qui ont été découvertes pour la première fois en 1969 dans des bactéries vivant dans les eaux océaniques profondes. De façon générale, les projets de conservation ayant le mieux fonctionné sont ceux qui sont issus de la collaboration de différentes communautés travaillant ensemble dans le but commun d’améliorer leurs vies quotidiennes et de protéger les écosystèmes liés.
Le thème de la Journée Mondiale de l’Océan choisi par les Nations Unies pour l’année 2020 est “L’innovation au service d’un océan durable”. Les océans font actuellement face à divers menaces telles que le changement climatique, la surpêche, and la dégradation des habitats. Alors que les océans subissent des menaces de plus en plus grandes, il est de plus en plus important de développer de nouvelles solutions pour les protéger. La plupart du temps, les informations relayées sur l’état de santé de nos océans (comme le blanchissement des coraux, l’augmentation du nombre d’espèces menacées d’extinction ou la déforestation des mangroves) peuvent sembler accablantes et nous faire perdre espoir. En ces moments difficiles, nous avons surtout besoin d’optimisme (et surtout de #OceanOptimism) afin de nous rappeler que nous pouvons toujours espérer in changement positif. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en évidence 5 exemples de projets qui ont réussi à faire une différence pour la conservation des océans.
1. Participation communautaire pour la protection des zones de ponte des tortues imbriquées
Le premier de ces exemples est celui de la tortue imbriquée qui est considérée comme “en danger critique” d’extinction sur la Liste Rouge de l’UICN. Jusqu’en 2007, cette espèce était considérée comme pratiquement éteinte dans l’est du Pacifique. Cependant, durant un workshop international, les différents experts ont mis en commun leurs connaissances respectives de zones où les tortues se trouvaient toujours, y compris certaines zones de reproduction, apportant ainsi un nouvel espoir dans le Pacifique est. En 2009, une équipe d’experts visita la réserve naturelle d’Estero Padre Ramos au Nicaragua qui, d’après les rumeurs, abritait de nombreuses tortues imbriquées. Leur découverte sur place dépassa toutes leurs espérances puisqu’il s’avéra que l’estuaire abritait 40% de tous les sites de pontes connus dans l’ensemble du Pacifique est. Malheureusement, la majorité des nids étaient victimes de braconnage.
Le projet pour les tortues imbriquées du Nicaragua (Nicaraguan Hawksbill Project) a été mis sur pied en 2010 et est fondé sur la participation collective de communautés locales, d’institutions gouvernementales et de diverses ONGs. Le projet a remporté un immense succès et a permis de protéger 500 nids, de relâcher plus de 50 000 jeunes tortues, de mettre en place un suivi par satellite de plusieurs tortues et d’assurer la surveillance des plages où cette espèce pond. Le secret de leur réussite? La communauté locale est directement impliquée dans les processus décisionnels et les habitants reçoivent une récompense lorsqu’ils signalent la présence d’une ponte afin de les encourager à protéger les nids plutôt que de les braconner. En utilisant une telle approche, les scientifiques ont alors plus d’alliés pour surveiller les larges étendues de plage et les communautés locales se voient offrir une alternative viable au braconnage.
2. Augmentation de la tolérance des coraux aux températures élevées
Ce serait un euphémisme que de dire que nos océans ne se portent pas très bien. La couverture coralliaire de la Grande Barrière de Corail a à peu près diminué de moitié suite à des vagues de chaleur estivales en 2016 et en 2017 ce qui a entrainé une diminution de 89% du recrutement de larves en 2018. Malgré cette diminution rapide, les scientifiques ont fait une découverte qui apporte un peu d’espoir pour les coraux. En général, lorsque la température de l’eau devient trop élevée, les coraux rejettent leur symbionte, une algue, qui vit dans leurs tissus entrainant alors le blanchissement des coraux. Récemment, l’équipe de Buerger et ses collègues a fait pousser ces algues symbiotiques à des températures élevées (31°C) en laboratoire pendant 4 ans. Ils espéraient ainsi augmenter la tolérance à la chaleur des symbiontes ce qui pourrait alors augmenter la tolérance à la chaleur des coraux une fois que les symbiontes seraient dans leur hôte. Est-ce que l’expérience a marché? Un tiers des symbiontes élevés en laboratoire ont effectivement augmenté la résistance des coraux au blanchiment. Il est peu probable que cette découverte soit la solution rapide dont nous avons désespérément besoin pour résoudre les problèmes auxquels les coraux sont confrontés. Cependant, cette étude nous a permis de largement améliorer nos connaissances sur la tolérance de la chaleur des coraux et peut-être que des algues symbiotiques résistantes à la chaleur pourront un jour être utilisées dans des projets de restauration de récifs coralliens.
3. Le retour des Léviathans
Certaines populations de baleines ne sont pas encore entièrement remises de la chasse commerciale à la baleine. La baleine franche de l’Atlantique Nord est particulièrement menacée puisqu’il est estimé qu’il ne reste que 400 représentants de cette espèce. Cependant, d’autres espèces ont fait un retour fracassant suite à l’interdiction internationale de chasse commerciale. Le rorqual commun, la deuxième plus grande espèce de baleine après la baleine bleue, bénéficie d’une protection presque totale dans toutes les régions où il est rencontré ce qui a permis à la population d’atteindre un nombre de près de 100 000 individus sexuellement mature, et la population continue encore de grandir! Cette tendance positive est tellement encourageante que, en 2018, le statut de cette espèce sur la Liste Rouge de l’UICN est passé de “en danger” à “vulnérable”. Les rorquals communs vivent généralement dans les eaux océaniques profondes, loin des côtes, là où les efforts de pêches et le trafic maritime sont moindres ce qui pourrait expliquer pourquoi cette espèce s’est beaucoup mieux remise que la baleine franche de l’Atlantique Nord. Les différences de vitesses de rétablissement entre les différentes espèces de baleines malgré l’interdiction internationale de la chasse commerciale à la baleine démontrent que les grands cétacés font actuellement face à de nombreuses menaces liées à l’augmentation de la pêche et de l’intensité du trafic maritime et aux perturbations des écosystèmes suite au changement climatique.
4. Le récif de Tubbataha: un paradis pour les requins
Lors d’une récente expédition au sein du Parc Naturel du Récif de Tubbataha situé dans le triangle du corail aux Philippines, les chercheurs du Large Marine Vertebrates Research Insititute Philippines, du Tubbataha Management Office et de Marine Megafauna Foundation ont découvert que ce récif abrite un nombre extrêmement élevé de requins de récif. Cette découverte apporte un certain espoir puisque de nombreuses populations de requins sont en déclin au niveau mondial et que l’état des récifs se dégrade de plus en plus. C’est pourquoi la découverte d’un récif en si bonne santé et fréquenté par de nombreux requins est une découverte à célébrer! En combinant des études visuelles sous-marines à l’utilisation de pièges photographiques, les scientifiques ont étudié l’abondance et la biodiversité de requins et raies sur ce récif qui a été déclaré comme Site du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1993. Ils y ont observé la plus grande abondance au monde de requin gris de récif et de requin corail! Plusieurs raisons peuvent expliquer le succès de ce parc naturel. Le facteur le plus important est que le parc est extrêmement bien géré et le respect de la réglementation de non-prélèvement est assuré par des équipes spécifiques du Tubbataha Management Office et les Rangers du Récif de Tubbataha. De plus, son isolement, sa taille et sa protection depuis les années 1980s ont également probablement contribué à la conservation d’un écosystème en bonne santé. L’application des réglementations et l’implication des communautés locales sont des composantes clefs pour assurer le succès des aires marines protégées, dans le cas contraire, ces aires protégées risquent de devenir des soi-disant “parcs-papiers” qui n’existent que sur le papier.
5. Rendre son état sauvage à la côte, arbre par arbre
Les mangroves protègent nos côtes, abritent une biodiversité extraordinaire et absorbent des quantités importantes de CO2. En résumé, la survie de nombreuses communautés dépend des mangroves. Cependant, près de la moitié de la superficie de mangroves dans le monde a disparu depuis 1980 à cause de l’augmentation d’exploitation forestière commerciale, de la collecte de bois de chauffage, de la conversion des terrains pour la culture du riz et des noix de coco et pour la création de bassins aquacoles (par exemple les fermes à crevettes). Pour lutter contre cette dégradation, de nombreuses initiatives volontaires de plantations de mangroves ont vu le jour ces dernières années. Bien que l’intention de base soit louable, l’UICN a averti que ces plantages de mangroves en masse ne soient souvent pas durables. Par exemple, une des erreurs fréquentes faite par ces programmes est de ne pas choisir la bonne espèce pour le bon site et de ne pas avoir le “bon mélange” d’espèces. La bonne nouvelle? Grâce à l’augmentation des ressources financières et de la disponibilité des connaissances sur les mangroves et sur les meilleures façons de les restaurer, il est désormais possible de développer des projets de restaurations qui fonctionneront durablement. Le Mangrove Action Project encourage et enseigne ses meilleures techniques de restauration écologique des mangroves basée sur l’engagement communautaire (“Community-Based Ecological Mangrove Restoration”). Leur méthode a pour but premier de s’attaquer aux problèmes à l’origine de la disparition des mangroves et se concentre sur la compréhension de l’écologie, de l’hydrologie (l’écoulement des eaux) et des besoins des communautés locales pour développer un plan de restauration sur mesure. Ces techniques ont déjà été utilisées avec succès pour restaurer des mangroves en Thaïlande et en Indonésie après le passage du tsunami. Grâce aux formations proposées dans le monde entier, de plus en plus de bonnes initiatives de restauration des mangroves verront très certainement le jour dans le futur.
Texte écrit par Anna Schleimer. Traduction par Amandine Gillet. Joyeuse Journée Mondiale de l’Océan!
Crédit image photo de couverture: : Shutterstock/WWF/Simon Pierce/TerreSky MICS photo/Anna Schleimer
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